La
Première League est championnat de prestige. Nous aurions pu vous
proposer une enquête exclusive au cœur de cette compétition
bandifiante. Mais
Le Foot à Papa ne
mange pas de ce pain là. Le
Foot à Papa préfère
au champagne la bière chaude, au doux parfum d’une rose l’odeur
de la bière chaude et aux ballades champêtres les cuites à la
bière chaude. Nous avons donc décidé de nous intéresser au bas
fond du football anglais, en infiltrant un club amateur de la perfide
Albion.
Hello everybody
Cholestérol et tatouages
2
décembre 2012 à Londres, il fait deux degrés à l'ombre. Depuis mon
arrivée, l’envie de fouler le gazon en terre sainte est
irrépressible. Tel un Michel Fourniret lâché en pleine pyjama
party, je dois rapidement passer à l’acte et trouver un club au
plus vite. Rien de plus simple, quelques mails balancés sur
l’internet et des réponses immédiates. Le RC Recreativo me
propose de rentrer lors de leur prochain match de Central London
Sunday Super League. Le rendez-vous est fixé : 1:30 pm à
Regent’s Park. Je m’y rend accompagné d’un compatriote
que nous appellerons Adrien, par souci d’anonymat. Arrivé sur les
lieux, le spectacle est beau à voir : des terrains à perte de
vue et des centaines de joueurs bien décidés à les labourer. Nous
allons à la rencontre de notre équipe, casaque jaune et short noir.
Ils se présentent immédiatement et ont l’air plutôt
sympathiques. Il y a tout de même les classiques. Le rondouillard
qui n’a pas oublié d’être roux par-dessus le marché. Nous
l’appellerons Le Rond. Le branleur aux tatouages encore frais et à
la coiffure bâtarde (savant mix entre la crête de Cabella et la
touffe de Fellaini, si c’est possible). Nous l’appellerons
Cabelaini. Quelques bouts de sparadrap plus tard, les filets sont
fixés. Deux joueurs manquent à l’appel, en cinq minutes ils sont
trouvés. Protège tibia de rigueur, l’un d’eux n’en a pas :
quelques pages du London Evennig Standard feront l’affaire.
« I did it so many times » rassure l’intéressé.
Petit échauffement, puis distribution des postes selon les
préférences : right winger pour moi, left full back
pour Adrien. Nous voyons au loin l’équipe adverse, The Pigeons,
s’échauffer en rythme, puis se regrouper pour un briefing.
« Merde, ils ont l’air sérieux », réalise
Adrien. N’ayant pas joué depuis quelques temps et brûlé la vie
par les quatre bouts la veille, nous pallierons par notre faim
irrépressible de jeu.
Monty Python, gestes fous et grosse branlée
L’arbitre
siffle le début de la rencontre et nous sommes vite dominés. Le
défi physique est intense et les tacles rugueux fusent. J’aime.
Nous marquons contre le cours du jeu sur un cafouillage bien cracra
dès les premières minutes. Quelques instants plus tard, corner
kick
pour l’équipe d’en face. Bien frappé et repris de la tête, le
ballon file en lucarne. C’est à cet instant que notre vedette à
la toison orangée se sent pousser des ailes. Flairant son quart
d’heure de gloire approcher, Le Rond, d’un bond vif, dévie des
deux poings le ballon hors du cadre, tel Luiz Suarez en quart
de finale de la Coupe du Monde 2010. À la différence près que nous
jouons depuis 10 minutes à peine et qu’il s'agit d’un match du
fin fond de la non-league football. L’arbitre siffle et toute
l’équipe joue (mal) la stupéfaction. Rien n'y fait : carton
roux et penalty. Adrien et moi nous délectons de ce sketch digne des
Monty Python. Le jeu reprend et les buts adverses s’enchaînent :
one
two three,
viva l'Algérie. 5-1 à la mi-temps. La consigne est claire pour la
seconde période : ne pas garder la balle et tout balancer vers
l'avant. Çà part mal : le score s’aggrave et les adversaires
jubilent. Des « yeah
lovely »
fusent pour le moindre geste réussi. Çà chambre, normal. La
dernière demi heure approche, c’est le moment choisit par
Cabelaini pour faire son show.
Excédé par le manque de flip-flap et de passement de jambes
effectués, il retire son maillot, le jette au sol et quitte le
terrain. So Kezman. Notre héros de la 10ème minute, Le Rond,
connaît alors son deuxième quart d'heure de gloire puisqu'il est
autorisé à remplacer notre superstar susceptible. Et invente au
passage un nouveau style de joueur : l'expulsé joker. Les
15 dernières minutes ont un goût de petite balade, un chien vient
même profiter du spectacle au beau milieu du terrain. L’arbitre
siffle, serrage de poigne, c’en est tout pour aujourd’hui. Ainsi
s'achève ma plongée au cœur du foot amateur made in England,
entre situations grotesques et frustration du résultat.
L'homme du match
- Je n'ai pas aimé : le kick and rush systématique et les réprimandes pour chaque touches de balle jugées superflues.
- J'ai aimé : les tacles violents, sans fautes ni réclamations auprès de l’arbitre. Paul Gascoigne like this.
De notre envoyé spécial à
Londres,
V.G.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire